jeudi 16 novembre 2017

PAÏ



Cela fait maintenant deux nuits, que je m 'endors en pensant à toi, et à tout ce que je ne t 'ai jamais dit, à tout ce qu' il faudrait que je te dise.
Une amie à moi a perdu son papa , voilà deux jours, et... la vie ne tient qu 'a un fil, alors ces mots, que je t ' écris, sont pour moi importants, parce que je me dis que la vie est trop courte, pour qu' on ne se dise pas que l' on s aime de son vivant.

Quand j' avais 5 ans, ou 6 ans, je ne sais plus, tu es rentré dans ma vie, par la porte des artistes, parce que c 'est surtout dans la vie de Maman que tu es rentré.
Et puis, petit à petit, tu es devenu celui qui m' a élevé, malgré la présence de mon père de temps en temps, c 'est toi que je voyais tous les soirs en rentrant de l 'école. Tu es devenu un point stable dont tous les enfants ont besoin pour se construire.

Des bêtises j' en ai fait: J' ai colorié sur ton beau blouson de cuir beige, et mes dessins ne sont jamais partis, comme si déjà je ne voulais plus que tu m oublies. Des mots mal-avisés, des attitudes inadéquates à des moments où tu ne supportai pas  le chemin que prenait nos vies, un rire qui s 'était échappé de ma bouche alors que nous déménagions maman, ma soeur et moi, parce que votre couple avait besoin de prendre un souffle. Peut être savais je deja que ce n était pas un adieu, et que de ma vie tu ferais toujours partie.
Des bêtises j' en ai fait, envers toi, envers maman, envers les gens que j' ai aimé, et qui m' ont aimé.
Mais je suis adulte maintenant, et je me rend compte que ces bêtises m' ont fait grandir, avec un peu plus de maturité maintenant, un peu plus de culpabilité pour ces moments indiscrets, et douloureux.

Tu as été, et tu es encore, un rocher dans ma vie d adulte, et je ne veux pas que ça change.

Je me rend compte que des souvenirs, j' en ai plein la tête, des bons moments, comme des mauvais, mais je pense que c 'est normal dans une relation parents / enfants.

Je me souviens des dictées irréalisables sur fond d 'astérix et obelix, d' albums de tintin.
Je me souviens de crises de paniques en allant au ski quand tu nous disais qu' il ne fallait pas que l' on s' attache dans la voiture car sinon nous ne pourrions pas sortir de la voiture si nous faisions une embardée dans un fossé.
Je me souviens de ces petits pains frais  lors de nos vacances au Portugal que tu nous ramenai tout les matins, je me souviens des parties de crapette en Espagne...
Je me souviens comment tu me faisait tournoyer dans les airs, alors que je n' avais même pas 10 ans, et que nous impressionnions tout le monde lors des mariages ou autres, parce que nous 2, nous faisions du vrai rock acrobatique. Déjà je te faisais éperdument confiance, je savais que tu ne me laisserai jamais tomber... Et puis un jour, j ai compris qu' on voyait ma culotte, je t ai dit que je ne voulais plus le faire. Tu n' as pas posé de questions, tu as compris, et tu as entendu et tu ne m' a plus jamais redemandé de le faire, alors que je sais bien que tu adorais, et que tu étais fier lorsque nous le faisions.
Je me souviens aussi des nuits de panique, quand votre projet d enfant à deux n aboutissait jamais, et que maman était malade. Et des efforts que tu devais déployer pour ne pas que nous nous inquiétions ma soeur et moi;
Je me souviens de ton oreille collée a ma porte en pleine nuit, lorsque j' étais malade, pour savoir si je dormais bien.
Je me souviens de tout ça ...

Et puis je me souviens de notre marche lorsque c 'est toi que j' ai choisi pour aller à l église. Tu m' a pourri ma marche en chantant du queen, sur ma jolie musique classique. Ta façon a toi de lutter contre le stress et l' émotion.  Saches quand même que je n aurai jamais accepté que quelqu' un d autre m amène a l Autel.

Depuis  presque 30 ans, c 'est toi qui ne dors pas quand j' ai un souci, c 'est toi qui stresse sans me le dire quand tu vois que ça ne va pas, alors que mon père lui, je te l assure, dors sur ces deux oreilles.
Depuis presque 30 ans, tu as fait de ma vie une vie un peu meilleure, où j' ai appris que je faisais partie d une famille. Même si tout ces membres n ont pas le même sang dans leurs veines.
Depuis presque 30 ans, je dit que tu es insupportable a vivre, et que tu me fatigue des que je pose les yeux sur toi, mais je ne voudrais changer ça pour rien au monde.

Ces mots ne sont peut être que des mots, mais ils sont sincères, et je sais bien que nous ne pourrons pas parler de cette lettre... trop de pudeur, trop de gêne, trop d émotions qui ne sauront pas être contenues.
Alors ces mots, je te les écrit, parce que moi aussi je ne saurai pas comment réagir, et peut être parce que ta pudeur envers tes sentiments en général, et vis a vis de nous, sont pour moi intégrés, digérés, et surtout compris.
Tu serais même capable, je le sais, de me dire juste combien de fautes d orthographe seront présentes dans cette lettre, juste pour me dire " je l' ai lu, et bien lue, ne t inquiètes pas".


Alors PAÏ, restes tel que tu es, continues a être mon roc, mon phare , la personne qui est dans ma vie un repère parental.  Même si on ne se voit pas souvent, ou que nous n'avons pas des conversations poussées, je sais que tu es là.
Restes celui qui m a élevé, avec beaucoup de patience, et beaucoup de sentiments non dévoilés, beaucoup de pudeur.

Et surtout, saches que je ne te remercierai jamais assez.
Parce que j' ai peut être un père, quelque part en France, qui lui, ne soucie pas de moi,
Mais je n' ai qu' un seul Papa, et c 'est toi.
Merci pour tout ça.



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